Le père qui marche


Nous avons fait un spectacle à Saigon, l’un des derniers d’une longue tournée avant une pause de 18 mois. Je me souviens avoir erré hors du club à la recherche d’air frais, espérant soulager la frousse avant le spectacle, mais c’était aussi épais et oppressant dans la rue qu’à l’intérieur. Au moins, c’était calme.

Juste devant la porte, j’ai repéré un homme blanc plus âgé dans une veste verte armée. Le genre de gars à qui tu parles quand tu as envie d’être poignardé. Il s’appuya sur une rampe usée de façon à «baiser tout le monde», fumant amèrement ses cigarettes. Il m’a regardé avec son air brûlé et je me suis préparé.

«Comment ça va?» Dis-je, pour briser le silence.

‘Survivant. Vous? « , Dit-il.

OK, pas de bavardage. Je lui dis que je pense à ma paternité imminente.

J’y pense beaucoup ces jours-ci, avec enthousiasme pour la plupart. J’en parle dans des conversations, généralement spontanées, à la recherche d’un terrain d’entente, de conseils pratiques, de platitudes de félicitations, d’une sorte de main courante à laquelle s’accrocher.

Il ricane une bouffée de fumée dans la nuit, me regarde sèchement et dit simplement: « Les enfants détruisent tout. »

Je me souviens avoir ri de la noirceur de celui-ci et avoir pensé en ce moment: Je parie que vous avez tout détruit, vous perdez une baise.

Mais maintenant, avec le recul, parmi tous les conseils, les bénédictions et les avertissements bien tempérés d’autres parents aguerris, de mes amis sans enfant et de ma propre mère, je peux enfin apprécier la clarté précise de la sagesse de cet homme.

La conception de notre premier-né était un rite brumeux et passionné comme quelque chose Bébé au romarin. Avec l’autorité accordée dans le contrat signé de notre propre sang, le minuscule démon que nous venions de convoquer a annihilé nos vies antérieures.

C’était l’anti-Marie Kondo. Cela nous a encouragés à horder des gadgets en plastique, des vêtements et de minuscules meubles inutiles dont aucun n’a suscité de joie, seulement de nouveaux besoins et des angoisses croissantes. Il suintait de la merde, de la pisse et de la salive et mordait les seins de ma femme jusqu’à ce qu’ils saignent. Il a crié jusqu’à ce qu’il vomisse et a vomi jusqu’à ce qu’il hurle. Il a vidé les placards et les tiroirs comme un cambrioleur pressé et a jeté de la nourriture partout où il y avait du tissu à trouver et à coller.

Le pire de tout, c’était mignon et on ne pouvait pas le détester longtemps. Pire encore, c’était irréversible, comme une lésion cérébrale.

Je me suis dit que tout le monde faisait ça. Des gens stupides, des gens intelligents, des pauvres, des riches. C’était aussi naturel que respirer ou mourir.

Je pense que je l’ai géré OK. Je me suis dit que tout le monde faisait ça. Des gens stupides, des gens intelligents, des pauvres, des riches. C’était aussi naturel que respirer ou mourir. J’ai souri à travers les nuits blanches entrecoupées de rêves agités d’infanticide. Je me suis brossé les dents avec de la crème à raser et j’ai rasé mon visage avec du dentifrice. Je me suis retrouvé à atteindre l’interrupteur du pilote automatique dans des situations où j’avais déjà pris le volant avec un enthousiasme de cow-boy. La biologie, et sa robuste société de sbires, m’avaient finalement arraché par l’orteil, m’ont jeté par-dessus une épaule et m’ont transporté à la guillotine. Mes yeux étaient drapés dans une parentalité sombre. J’ai senti la lame froide séparer proprement la tête de ma vie créative de son corps. Il roula et tomba sous un lit. Je ne ressentais que le poids d’un lourd voile d’obscurité sur moi et pourtant je vivais. J’étais Undad.

L’Undad montait et venait dans les deux sens sans autre raison que de sentir le doux rocher de la voiture. Les Undad attendaient dans de longues files d’attente un problème soudainement insurmontable qui l’empêchait d’atteindre la caisse enregistreuse / box-office comme il était à sa portée. Les Undad ont trouvé de la nourriture dans les miettes laissées par les prédateurs du sommet qui parcouraient la maison au coucher du soleil et à l’aube. The Undad était parfaitement adapté pour jouer un monstre qui rugissait et chassait sans relâche, et dont la seule sensibilité semblait être le mot « Freeze », qui l’a stoppé sur ses traces pendant une période non divulguée.

Surtout, les Undad ont nettoyé. Comment il a nettoyé. Il nettoyait au niveau moléculaire comme s’il pouvait voir la poussière de peau, les traces de matières fécales et la morve desséchée aussi clairement que le gant de douche binaire de la matrice. Il nettoya jusqu’à ce qu’il soit suffisamment propre, puis, après cinq minutes, quand tout son dur travail fut complètement défait, il grogna et gémit comme seul le Undad le peut et il recommença.

Les mauvais jours, il avait l’impression d’être retenu en otage par son
de minuscules maîtres et dans le regret son cerveau de zombie a attrapé le faible, vacillant
papillons des souvenirs de son ancienne vie et il les a écrasés entre ses
bout des doigts.

Le temps a passé et il a progressivement appris à comprendre la ligne qu’il suivait. Peut-être qu’il commençait à faire la paix avec cette vie après la mort ou peut-être que c’était juste le syndrome de Stockholm mais malgré son meilleur jugement, il a commencé à les aimer sans poser de questions.

Les Undad continuèrent. Une étape après la suivante. Un pied dans le monde des vivants et un chez le papa.

Quan Yeomans est le chanteur principal du groupe australien de rock alternatif Regurgitator et le père de deux garçons, Cassius, 5 ans et Bowie 2.

Le message The Walking Dad est apparu en premier sur le site Web de The Dad.



Vous pouvez lire l’article original (en Angais) sur le sitethedadwebsite.com